Avec la mort de Charles Pasqua, c'est le dernier homme politique d'envergure non énarque, non avocat qui disparaît.
C'est aussi le dernier homme politique qui fut un vrai résistant en 1940 qui meurt. Tant qu'il était vivant, les petits blablateurs sur les valeurs de la résistance et ceux qui réécrivent l'histoire pour s'en réclamer (le FN notamment) devaient se taire sous peine d'être corrigés par le terrrrible Mr Pasqua.
Le pitoyable Zemmour en fit les frais lorsque Charles Pasqua recadra les délires pétainistes que ce complexé écrivit dans son "suicide français" (voir http://www.europe1.fr/politique/pasqua-zemmour-ne-connait-rien-a-la-realite-2257751 )
Le terrible Mr Pasqua était aussi un sacré acteur.
Né en 1927 à Grasse et pas en Corse (seul son grand-père était berger corse), engagé dans la résistance à 16 ans donc en 43 (et pas avant; engagé au début par son père pour transmettre les messages) Charles Pasqua fut aussi une sorte de Fernandel, à savoir un gouailleur acteur qui sut profiter du système et des légendes et réputations des Corses et de leur milieu pour surfer sur cette vague.
Nanti de son expérience de commercial chez Ricard (ce qui donnait à Pasqua un avantage énorme sur les autres politiques qui n'ont jamais travaillé et ne connaissent donc rien à la vie des gens -comme en témoigne encore le modèle à la Pécresse) et bien au fait des basses oeuvres politiques de par son activité au SAC (sorte de police parallèle et service d'ordre Gaulliste cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Service_d%27action_civique ), Charles Pasqua devint donc Ministre de l'intérieur sous Chirac et Balladur.
Il fut donc un temps digne de Borsalino (le film) au ministère de l'intérieur, avec des costumes à rayures, des bretelles, des Corses.
Un véritable remake aussi de l'époque de Vidocq, ce bagnard devenu chef de la sûreté ..
De nombreuses liaisons dangereuses durent attribuées à Charles Pasqua, qui si on en croit les medias, contrôlait tous les bandits corses de France, de Navarre, d'Afrique et des Casinos..
Ce fut donc un malheureux hasard si Pasqua ne fut pas campé dans Mafiosa ...
A l'hôpital en 1983 au début des élections municipales où il voulait succéder à un autre Corse, Achille Peretti (à la vie bien étrange aussi https://fr.wikipedia.org/wiki/Achille_Peretti ), à Neuilly sur Seine, Charles Pasqua fut trahi par un jeune Iznogoud, Nicolas Sarkozy (qui se revendique aussi des attaches avec la Corse comme tous les bobos de Neuilly sur Seine; Sarkozy fit même l'effort de se marier une première fois avec la nièce de Peretti) qui récupéra toutes les liaisons construites par Pasqua, séduisit vieux et vielles qui votent à Neuilly (ce sont les seuls qui y votent) et se fit élire (cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Monarque,_son_fils,_son_fief ).
Charles Pasqua tenta aussi un assaut sur le RPR (ancêtre de l' UMP) avec soon compète Philippe Seguin mais là aussi, il rata son coup.
Trop gouailleur et trop gentil sans doute, préférant la discussion, les gens et l'emballage aux froids plans à la machiavel, Charles Pasqua se fit en fait avoir par tous les calculateurs qu'il affronta.
Fort en gueule, instinctivement près des gens, Charles Pasqua était une sorte de JM Le Pen avec l'extrémisme en moins car li l'avait connu de près.
Charles Pasqua avait perdu son fils unique en février 2015 (décédé des suites d'une longue maladie comme on dit) et sans doute que ceci l'avait affaibli dans son envie de vivre plus longtemps car que lui restait-il, lui le "corse" émigré dans les Hauts de Seine à part sentir et subir la désolation du vide que le sarkozysme a créé à droite et la victoire des extrémistes revanchards à la Philippot que Pasqua avait combattu dans sa jeunesse ?
RIP Charles Pasqua ! Au moins toi, quand tu parlais, on t'écoutait pour le plaisir !
Une interview très intéressante de Charles Pasqua qui raconte son engagement dans la résistance et la réalité de l'appel du 18 juin .. ainsi que le "gaullisme" de Sarkozy :-))
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