Ayant plusieurs trails à son actif dont 4 TDS avec notamment la 1ère édition qui allait dans l'autre sens voir "UTMB 2009 la TDS est la course la plus dure": la TDS est la course la plus dure, le nounours trailer s'était inscrit cette année encore une fois à la Trace des Ducs de Savoie.
Donnons lui la parole, quelques heures après son arrivée, pour ce qui fut une expérience ultime et unique dans sa vie de trailer !
A la base, n'ayant pas du tout couru en 2017, je m'étais inscrit à la TDS pour renouer avec un trail de Chamonix où ma famille a toujours plaisir à aller fin août, un peu comme une clôture traditionnelle des vacances.
J'avais perdu un peu perdu d'intérêt pour le trail, à cause notamment de ses dangers pour la santé. Personne n'en parle mais enchainer 2 ultra à moins de 6 mois d'écart EST dangereux pour le commun des mortels, même entrainés: muscles, tendons, structure osseuse, coeur, poumons poussés à fond pendant + de 20 heures et parfois + de 40 heurs ont besoin de QUELQUES mois pour récupérer un fonctionnement normal.
Par ailleurs, le trail défonce de manière certaine les genoux -regardez un peu ce que deviennent certains anciens champions des années 2010 .....
De plus, comme le triathlon ou la folie des marathons, le trail est parfois une drogue qui tente de combler un problème personnel ou un stress professionnel (regardez le nombre de gens travaillant dans la finance qui sont des dingos de la course à pied pour évacuer le stress de leur travail).
Bref, cette participation à la TDS devait être sans objectif particulier mais on sait comment ceci se transforme au fil des semaines et des mois. Je me suis remis à courir en janvier (2017 fut vierge de tout entrainement et course pour soigner naturellement une grosse déchirure à la cuisse). Des problèmes personnels m'ont empêché de courir ensuite de mi-février à juin et c'est avec 3 mois de course à pied (environ 50 km par semaine en juin, ne vingtaine de fois 500 m-1000m de dénivelé en juillet et course et dénivelé en août) que je me présentais sur la ligne de départ mercredi 29 août.
Vous direz que c'est peu MAIS en me mettant à surveiller mon alimentation et en supprimant carrément TOUT sucre depuis 3 mois, j'avais perdu 3 kg (80 kg à 77 kg) et en 2017 j'ai pas mal nagé, ainsi qu'en 2018. Par ailleurs j'ai une bonne "caisse" à la base et ne l'oublions pas, pendant un trail on MARCHE le plus souvent.
Evidemment, je ne m'attendais pas à une super performance bien qu'habituellement la TDS me réussi (une fois dans les 100 premiers, une fois aux alentours des 150 et une fois des 250).
Les évènements me ramenaient cette sans cesse à la fois où je terminais dans les 100. Outre quelques petits détails (et notamment le même record sur la monté en deniv sur laquelle je m'entraine), la TDS était était détournée de la même manière que lorsque je réussis cette perf (2012 de mémoire) et j'adore la route (le détournement évite le passeur de Pralognan et propose une longue partie de route en descente ainsi qu'une longue partie de route pour arrivé au Cormet de Roselend).
Et puis, j'avais oublié de réserver tôt une navette et m'étais retrouvé dans une de 3h45.. Mais comme le départ fut retardé de 2 heures, 5h45 pour une navette était idéal. un truc d'ailleurs à ce propos si jamais ça vous arrive un jour de prendre ces navettes: les organisateurs ne vérifient pas trop votre horaire donc si vous êtes un peu truand ou que vous vous êtes levé(e) en retard, pas de problème..
"Si vous êtes un peu truand" .. Voilà qui devrait, en théorie, être rare dans le trail, si beau, si fraternel, si ... On a déjà parlé du problème ici et ici - à propos de la mascarade de 2010. Pourtant, force est de constater que les trailers qui viennent à l'UTMB -mais peut-être est-ce dû au 95% "business" qu'est devenu ce barnum- sont demoins en moins ce que la légende décrit.
Avant, des discussions naissaient spontanément dans les groupes qui se forment durant la course ou aux points de ravitaillement. Les gens SOURIAIENT..
Maintenant, les gens sont déjà ultra sérieux déjà dans la rue, tout la semaine à Chamonix. Arborant toujours plus de vêtements "techniques", le trailer de base est devenu un obsédé du matos à tel point que la "matériel obligatoire "n'est plus qu'un détail.. Entre temps, le trail est devenu la principale activité en chiffre d'affaire de Salomon (hé oui devant le ski) et de nombreuses marques se gavent sur ce business complètement délirant quand on réfléchit vraiment à ce dont on a BESOIN, à ce que proposent des magasins de sport comme Decathlon (à quoi ça sert de payer chez une Hoka ou Salomon qu'on usera de toutes façons pour UN ultra trail ?? A quoi ça sert d'acheter un sac à + de 100 euros alors qu'on peut en trouver des tops à - de 60 euros ?). Peut-être d'ailleurs que les kits "froid" et "canicule" mis en place cette année sont le résultat des statistiques de l'organisation de l'UTMB qui s'est dit avec ses partenaires commerciaux qu'elle pouvait faire dépenser + d'argent encore :-))
D'ailleurs, pendant la TDS, au début de mémoire, des bénévoles notaient à un moment les marques de chaussures des participants qui passaient.
Mais revenons à la course elle-même (on reparlera aussi des "nouveaux trailers" et de leurs attitudes)?
Comme d'habitude le départ à Courmayeur est moins stressant que ceux de Chamonix. Moins de monde et le temps (certes il n'y a que 1600 participants) de s'installer dans le peloton après avoir fait une pause pipi et grosse commission aux toilettes de la patinoire (queue 0 pour les femmes et environ de 20 personnes pour es hommes mais ça va assez vite).
Les italiens passent de la musique de variétés italiennes et donc on évite le lancinant hymne qui n'est passé qu'à la fin,juste avant le départ (qui lui s'est fait en 3,2,1,0 et pas en 10-9.. Là aussi c'est bon.. De plus les discours des officiels, hormis celui de Mme Poletti qui sait se servir d'un micro, étaient inaudibles. De plus aussi, personne n'a trop levé les bras pour la "communion on est tous ensemble c'est génial on est une bande de potes" d'avant départ.
Tout de suite, c'est un quasi sprint pour avoir une bonne place dans la première montée. les trailers 2018 ont intégré le fait qu'ensuite, le rythme entre les premiers et les avant derniers est plus ou moins le même donc il faut être dans le bon wagon.. et puis il est plus facile de se faire dépasser que de dépasser (ça prend moins d'énergie)/
Un des gros avantages de la TDS su l'UTMB est son début. On attaque tout de suite de grosses montées contrairement aux 30 premiers kilomètres de l'UTMB, cet espèce de cross que je ne supporte pas (la partie la plus dure pour moi mentalement).
Les montées se passent bien pour moi, je suis surpris de ma forme, le temps est magnifique même si on nous a promis que ça changera radicalement au passage en France..
Sur la voie romaine du Lac Combal, je me vautre et m'explose le coude avec un gros saignement, pas mal de peau en moins et un gros hématome .. 2 ou 3 coureurs me dépassent, pas UN ne demande si ça va ou me ramasse mes bâtons..
Juste pile avant le Petit Saint-Bernard, le ciel se déchaine. En 10 secondes une grosse averse nous tombe dessus et même en étant rapide pour mettre la fameuse veste, on est trempé. Juste après le col, quand commence la descente vers Bourg Saint-Maurice, j'ai tellement froid que je claque des dents comme jamais cela ne m'était arrivé. Il faut vraiment que je me force pour me dire que les mouvements vont me réchauffer et grâce aussi au beau temps revenu, j'arrive à faire cesser les castagnettes au bout de 2 km environ, et j'enlève la veste..
Je rattrape pas mal de personnes en courant assez vite en courant à partir de Seez jusqu'au ravitaillement de Bourg Saint-Maurice mais en même temps je commence à me demander ce que je fais ici, à supporter tout ça. Un bon abandon, ça serait cool .. Oui mais il y a les enfants à l'arrivée et il faut leur montrer qu'on abandonne pas un truc auquel on est inscrit.. Ca sert aussi pour leur dire de finir leur assiette quand ILS l'ont eux-même remplie; on prend, on mange :-) Et là, papa a pris un truc, la TDS, qu'il va falloir manger jusqu'au bout et quelque chose me dit que ça sera très indigeste..
Contrôle du sac à Bourg Saint-Maurice où les gens qui ont des mini sacs visiblement sans possibilité d'avoir le matériel obligatoire (sauf en prenant 3 tailles au-dessous de leur vraie taille, c'est dingue ce qu'une taille femme xxs est petits pour un pantalon imperméable qu'on ne mettra jamais :-)) Mais le contrôle se fiche de ces "ruses") passent tranquillement.
Nous voici partis par une montée qui passe à côté de la fromagerie plutôt que d'enquiller tout droit après le contrôle.. Ensuite, c'est la route... Il fait beau.. Il y a beaucoup d'endroits où prendre de l'eau .. La vie redevient belle même si mon coude cuit et fait mal..
Avant le Cormet de Roselend, bing bang boum ! Cette fois-ci c'est la grêle qui tombe (petite mais méchante) pendant que je suis sur une montée à découvert.. Re-veste rapidement mais retrempé encore .. Et là, est-ce à cause de mes 3 kg perdus mais je sens que mon potentiel physique a pris un coup. Je n'arrive pas trop à courir sur la route qui mène au Cormet..
Là bas, grâce au sac de ravitaillement, je change de short et je vire le tee-shirt (un collector UTMB 2007) pour la "seconde peau" (là j'ai fait il y a quelques années un vrai investissement qui ne me sert que pour les trail, un truc Odlo à 100 euros, moulant, sans coutures, et qui est top jusqu'à -20).
Pourtant, je repars du Cormet de Roselend encore en claquant des dents comme jamais .. La suite va être très dure .. Arrivé vers 20 heures à Roselend, c'est -à-dire comme quand j'avais bien fini alors que le départ a été retardé de 2 heures, je me dis que c'est dingue comme le niveau des trailers (ou de la TDS) est monté.
D'habitude, le fait qu'à partir de Roselend, il ne reste que 50 km me motive mais là, avec le froid, le coude, la pluie qui a tout rendu glissant je sens que j'ai bientôt plus de jus dans les chaussettes à part celui de la pluie boue..
Jusqu'au Joly, je me casse encore 3 fois la figure, toujours du même côté et au passage, malgré les gants je m'explose les doigts et les mains, qui saignent eux aussi.
Lors de ces 3 chutes, une seule personne m'a demandé si ça allait (une anglaise).. j'ai moi vu de loin un anglais tomber, les 2 personnes passées près de lui ne se sont pas arrêtées et il a fallut que j'arrive pour lui ramasser ses bâtons ..
De partout sur le chemin, on commence à voir des gels Overstim jetés par terre et bien sûr plein de leurs petits embouts -> si quelqu'un veut vraiment avoir - de déchets sur les courses de l'UTMB, il faut simplement obliger Overstim à changer leurs embouts .. Ca sera plus utile que tous les discours et les sacs en plastique :-) pour mettre déchets et papier toilette ?!? (J'ai passé pas mal de minutes à rigoler tout seul pendant la course, intérieurement, de cette histoire de sacs pour mettre le papier toilettes usagé.; Dans la nature le truc se détruit assez vite mais dans un sac plastique .. que devient le sac plastique .. Starbucks aussi propose des trucs "éthiques" et "machins responsables" dans des emballages plastiques ?!?).
Alors que normalement je carbure en montée, je n'y arrive pas... La montée vers le Joly, le chemin ensuite (alors qu'il pleut à verse) me "défoncent" définitivement.
Je n'ai pas l'air d'être le seul puisqu'au Joly, un bénévole me parle de 400 abandons..
Moi qui n'aime pas les descentes (et qui suis nul dans cet exercice), je suis servi avec la descente vers les Contamines. Elle est glissante donc je fais très attention.. je laisse passer quantité de personnes et environ seulement le tiers dit merci (on a le temps de faire des stats lorsqu'on se dit que le seul objectif est d'arriver :-)) .. je réprime pas mal de fois l'envie de dire "Et merci, tu connais" ou "c'est ça ouais" ou autre mais bon, sur un terrain glissant en descente et si le fermé venait à me donner des coups de bâton ? :-))
Les Contamines ont l'air d'être une hospice.. Pas mal de gars ont l'air hagard. Pas mal ont leur assistance perso pour les encourager et se changer (Je n'ai jamais compris pourquoi ceci était permis car ça crée une sacré différence entre les trailers mais bon .. Ca fait sûrement vendre des choses en plus).
J'y apprend que la fin du parcours ne passe pas par Bellevue, le truc dont j'ai horreur à la TDS, les 2 km de descente les pires.. juste avant la route..Je me dis que c'est un signe pour continuer.. En fait si ma famille venait me "porter assistance", j'aurais sûrement abandonné là ou au Cormet de Roselend.. Donc voyons un effet positif dans le "démerde toi tout seul"..
Je n'ai jamais tricoté mais avant la TDS, "tricot" atti un mot que j'aimais bien; ça sent la gentille grand-mère.. Avec la TDS, Tricot est symbole d'horreur.. Tout d'abord une montée de chemin de croix.. super raide .. puis un passage latéral et LE Tricot.. Je m'arrête quasiment tous les 2 virages .. la première fois que j'ai fait ce col, il était rempli de plantes qui cachaient les indications de chemin.. Là ce n'est plus le cas mais à la limite c'est pire.. Ce truc n'arrête pas de monter.. A la fin le jour se lève .. En terme de classement j'ai vraiment lâché l'affaire .. Mais bon, comme ça j'aurai la descente avec la lumière du jour.. Cette descente, je ne m'en souvenais pas .. Et bien maintenant je m'en rappellerai .. Encore quelques chutes (ah oui et puis j'ai pris aussi l'électricité via un fil de clôture mais je me rappelle plus où :-)) et Bellevue .. qui dans son horreur, après une station de train qui me rappelle le film de ce lundi "Mon nom est personne".. me signale par 2 sympathiques bénévoles que finalement c'est le même chemin que d'habitude .. Quand arrive la route; je suis cuit, cuit cuit.. Je n'arrive bien sûr pas à courir dessus et je subis .. Aux Houches, les enfants sont là et un de mes fils me demande ce qui est arrivé .. Cruels enfants, tu te bats pour leur montrer que tu es allé jusqu'au bout et ils te reprochent de ne pas faire mieux que la dernière fois.. Il est vrai que là, en classement, j'ai explosé mes pires performances.. Mais je m'en fous .. Cette TDS m'a permis d'aller puiser très loin en mes ressources.. j'avais 50 km dans les pattes avec mon entrainement de cette année et finalement ce 120 km fut comme un gros entrainement..
Je finis les derniers kilomètres avec enfin un gars sympa, un américain qui m'encourage à "run with him for the last km" et enfin, je retrouve l'ambiance des premiers trails que j'ai fait à l'UTMB..
A la fin, on va récupérer bien sûr le gilet (très joli d'ailleurs, je croyais qu'il serait Orange comme Casimir mais il est bleu) et quand ma femme me demande si c'est le dernier trail que je fais, comme d'habitude, je lui dit "on verra" mais je suis persuadé que c'est le dernier à Chamonix.
Si je refais des trails, ça sera pour avoir une occasion d'aller l'étranger (sur le salon il y a l'air d'avoir des trucs marrants en Slovénie et en Croatie) et sinon, le sport c'est fait pour s'amuser pas pour souffrir.. Le triathlon a développé des triathlon avec VTT et minin trail .. Ca a l'air bien non ?
Et puis le kytesurf ou son ancêtre la planche à voile, c'est beaucoup plus fun ..
Pour garder la forme ? Un peu de course oui mais aussi de la natation (c'est moins traumatisant et quel plaisir de "glisser" dans l'eau .. Si vous ne savez pas bien nager, PRENEZ des cours, même à + de 40 ans ..). Et si j'essayais les entrainements de boxe.
Et pour se mettre la rate au court bouillon, sans avoir des dizaines de milliers de participants ? Il y a le kilomètre vertical, comme ça pas de descente.
D'ailleurs, les courses de Juin à Chamonix (le marathon, le 90 km - très dur- et le KM) sont beaucoup plus sympas que le barnum de fin août.. Car finalement, c'est la cerise mal confite sur un mauvais gâteau.. L'ambiance autour de l'UTMB est devenue naze. Trop commerciale, cette foire (dont le salon n'ouvre qu'à 13 h le mardi ?!?) est devenue un vrai barnum avec les MCC, OCC, YCC etc.. Les gens qui y viennent ont l'air maintenant en majorité d'être des soucieux.. Ils sourient rarement.. Même les stagiaires, journalistes, teneurs de stand se la jouent comme si ils étaient dans un business ultra important.. Allez à l'épicerie éthique ou un nom du même genre, juste en descendant l'escalier à côte de la route qui longe le salon.. A midi on peut y manger.. Ecoutez les conversations des gens des salons qui y sont nombreux .. Non mais Allo quoi aurait dit Nabilla..
Bon allez, je vais manger, sans relire (donc c'est sûrement plein de fautes et de trucs illogique). je relirai ensuite et ajouterai ce qui manque mais business is business à l'UTMB donc il fallait publier aujourd'hui :-))
Milles bravos ! Je ne connais pas la Tds mais vivant à La Réunion depuis 26 ans je connais bien le grand raid et on ne peut-être qu' admiratif devant ceux qui participent et qui terminent le trail . Respect !
Rédigé par : Henry | 30/08/2018 à 19:21