Society, extraordinaire magazine qui à chaque numéro fait aimer la presse car contrairement à tant d'autres, il "livre" des trucs marrants, nouveaux (OUI, Society n'est pas comme le Figaro: quand on commence un article ou une phrase, on ne connait pas d'avance la fin !!) sort un super reportage dans son numéro du 5 juin.
Ce super reportage concerne Xavier Poussard, le "zinzin" comme dit Micron, qui a lancé ou poussé ou emballé l'histoire de Jean-Michel Trogneux.
Alors qui est ce Poussard ?
Voici un petit résumé de l'article de Society, à lire absolument pour les détails croustillants.
Fils d’intellos parisiens, Xavier Poussard traverse le collège-lycée Hélène-Boucher sans se fouler : violon, rugby, pas de manifs, une posture de spectateur moqueur qui cache déjà un ressentiment contre le milieu “bien-pensant”.
Ensuite, entre le sketch anti-système de Dieudonné, les débats sur le 11-Septembre et la radio d’extrême droite écoutée par son père, il découvre qu’un “autre monde” existe loin des sermons antiracistes. Premier passage à l’acte : un bulletin Jean-Marie Le Pen glissé dans l’urne en 2007, “pour le frisson”.
Après ça c'est années lose & formation: licence d’histoire à Tolbiac, concours de journalisme ratés, job de pion dans un lycée où il traîne avec “une bande de bras cassés”. Toujours le même credo : se laisser porter, picoler, observer.
Obsédé par “les réseaux”, Poussard tombe sur Faits & Documents, décroche son téléphone et, en 2012, rencontre l’énigmatique Emmanuel Ratier. Le gourou lui ouvre sa librairie Facta, son sac Ikea d’archives et la méthode coupe-papier : dépiauter toute la presse pour nourrir une lettre parano sur franc-maçonnerie et “question juive”.
Premier "fait d'armes": armé de ciseaux et de sarcasme, le disciple signe un portrait ravageur de Frédéric Haziza (une de F&D, 2013), puis ghostwrite la biographie à charge Le vrai visage de Manuel Valls (2014). Le duo Dieudonné-Soral propulse l’ouvrage, apéro de lancement compris, au cœur de la fachosphère.
Août 2015, Ratier meurt d’un infarctus : Poussard, 26 ans, porte le cercueil à côté de notables du GUD. Pour beaucoup, c’est le rite d’adoption officiel de “Ratier junior”.
Août 2021 : sur ERFM, il lit à l’antenne la liste des dirigeants de médias juifs. Le parquet ouvre un signalement pour “appel à la haine”. Poussard choisit l’exil à Milan, coupe presque tout contact familial et vit entre jogging solitaire et écrans.
À la tête du bulletin ultra-droitier Faits & Documents, il rencontre en 2021 Natacha Rey et sa théorie délirante : Brigitte Macron serait née homme. Il flaire le buzz, compile un “dossier”, publie douze numéros, puis un livre : Devenir Brigitte (et Becoming Brigitte en anglais). Le blaze “Jean-Michel Trogneux”, les réseaux sociaux et la touche gossip créent l’étincelle. Les vues explosent, Amazon le classe n° 1. Selon lui, la fake news marche parce qu’elle marie complotisme et presse féminine, un terrain jusqu’ici vierge.
Macron cite l’affaire comme son “pire souvenir de président” : jackpot pour Poussard. À 37 ans, il devient visage phare des fakes news francophones, parade chez Candace Owens, multiplie les vidéos depuis Milan, où il vit désormais avec son épouse lombarde.
Observateur devenu entrepreneur du soupçon, Poussard a transformé le ressentiment adolescent, la culture alternative et les réseaux sociaux en machine à buzz. Sa trajectoire éclaire la puissance d’un récit bien emballé : un outsider qui, à force de “révélations”, prend sa revanche sur le monde qui l’agaçait au lycée.
Autodidacte du classeur kraft, héraut du soupçon, Poussard a troqué l’archiviste discret contre le showman de la désinformation : archives XXL, punchlines millimétrées, visage flouté, et un seul credo : plus c’est énorme, plus ça clique.
Et grâce à tout ça et à Jean-Mich, Poussard a gagné plus d'argent qu'il n'en rêvait.. Toujours la même chose que les extrémistes : le pognon, c'est bon !
Commentaires